De la CDN 1.0 à la CDN 2.0: qu'est-ce qui a changé dans les CDN des PMA de l’Afrique de l'Ouest?

La présente étude examine les premières et les secondes Contributions Déterminées au niveau National (CDN) des onze pays les moins avancés (PMA) de l’Afrique de l’Ouest à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, le Libéria, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. Il s’est agi d’analyser les contenus des deux cycles de CDN afin de proposer, sur la base d’évidences probantes, des orientations d’amélioration des prochaines CDN, ainsi que le processus général de développement des stratégies climatiques à long terme.

Se fondant sur les Directives du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), l’étude a mesuré la progression des CDN à partir des indicateurs d’Input (différentes activités énumérées dans la CDN) et de Process (les stratégies de mise en oeuvre de la CDN). Des résultats ont été obtenus à partir d’indices composites de vingt-sept indicateurs regroupés en cinq axes d’analyse portant sur les critères à l’aune desquels les pays peuvent renforcer ou améliorer leurs CDN.

En termes de résultat, l’agrégation des indices composites d’analyse du niveau de renforcement des CDN montre que les PMA de l’Afrique de l’Ouest ont amélioré chacun leurs secondes CDN, avec un niveau d’indice global de 77% contre 53% pour les premières CDN. Spécifiquement:

1. Le volet « Atténuation » des secondes CDN présente une meilleure performance, avec un indice de 80% contre 53% pour les premières CDN. Dix des onze pays ont augmenté leurs objectifs quantifiés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Seule la Sierra Leone a réduit son objectif;
2. Le volet « Adaptation » des secondes CDN a un meilleur indice avec 55% contre 45% pour les premières CDN. Cinq pays (Sierra Leone, Gambie, Libéria, Guinée et Togo) ont renforcé leurs objectifs d’adaptation contre trois pays (Guinée Bissau, Niger et Sénégal) dont les objectifs sont restés statiques et trois autres pays (Bénin, Mali et Burkina Faso) dont les indices composites des mesures d’adaptation ont fortement baissé;
3. Le volet « Financement » des secondes CDN présente un score de performance de 64% contre 54% pour les premières CDN. Sur les onze pays, sept ont clairement présenté la différenciation entre les contributions conditionnelles et inconditionnelles du financement de la mise en oeuvre des mesures prioritaires d’adaptation et d’atténuation incluses dans les nouvelles CDN;
4. Les secondes CDN présentent un meilleur niveau de clarté, de transparence et de compréhension conformément aux indicateurs de la Décision 4/CMA.1, soit un niveau de performance de 93% contre 79% pour les premières CDN. Seul le Mali affiche un faible niveau de performance;
5. Les pays ont mieux intégré les aspects liés au genre et le secteur privé dans leurs CDN actualisées, avec un niveau de performance de 91% contre 36% pour les premières CDN. Si tous les pays ont inclus la contribution du secteur privé dans la mise en oeuvre des secondes CDN, deux pays (Liberia et Sierra Leone) n’y ont pas totalement intégré les considérations du genre.

Ces résultats ont conduit à formuler des recommandations à l’endroit de chacun des onze pays afin de contribuer aux orientations des gouvernements dans les processus de révision ou d’actualisation des CDN pour le troisième cycle 2025-2030, et surtout dans l’amélioration des stratégies climatiques à long terme.

Traduire les efforts de renforcement des CDN des PMA d’Afrique de l’Ouest en résultats concrets de dynamiques de développement résilient et à faibles émissions de carbone requiert le renforcement de l’accompagnement à la mobilisation de ressources financières conséquentes, au transfert de technologies ainsi qu’au renforcement des capacités à la hauteur des objectifs et ambitions climatiques de ces pays.